Don de sang en Afrique : enjeux économiques et barrière culturelles

La transfusion sanguine fait partie de l’arsenal thérapeutique aujourd’hui indispensable, que ce soit en gynécologie, en chirurgie, en traumatologie, ou pour le traitement de certaines pathologies à l’image de la drépanocytose ou de la fièvre hémorragique à Ebola. Malheureusement, le don de sang en Afrique se heurte encore trop souvent à des croyances qui limitent son efficacité.

Les freins au don de sang en Afrique

De nombreuses enquêtes ont été effectuées pour comprendre les facteurs limitants ou interdisant le don de sang en Afrique.

Alors qu’une petite majorité de la population se dit pourtant favorable à cette pratique, la première raison invoquée par les potentiels donneurs est simple : on ne leur a jamais proposé ! Ce qui traduit donc un manque d’information et une défaillance des centres de collectes, pour lesquels la solution est relativement simple : investir dans l’information des populations et dans la mise en place de centres de collectes mobiles. Ces dépenses restent relativement faibles, avec un retour sur investissement conséquent en termes de vies sauvées, ou de coût des soins.

Plusieurs causes sont par ailleurs citées pour expliquer le faible taux de donneurs de sang, faisant souvent appel à des croyances, des peurs plus ou moins rationnelles ou des pratiques culturelles ancestrales. Par ordre d’importance, on retrouve ainsi des conditions socio-économiques difficiles, la peur du dépistage du VIH, la peur d’être infecté par une autre maladie, l’interdiction religieuse, la peur de perdre sa vitalité ou son âme, la crainte de transmettre ses péchés ou de voir son sang servir à des pratiques ésotériques, la peur des aiguilles ou de la blouse blanche, ou encore le refus de participer à un « commerce » de sang.

Pourquoi investir plus dans le don de sang en Afrique ?

Comme le souligne l’OMS, les dons de sang en Afrique sont 5 fois inférieurs à ceux des pays à revenu élevé, avec un déficit portant sur trois millions d’unités de sang en 2020 pour 38 pays africains. L’OMS a donc mis en place différents programmes de sensibilisation, avec des résultats tangibles mais encore insuffisants Le coût des transfusions sanguines pose d’ailleurs un vrai problème, car dans un marché de pénurie, le marché noir profite du système et les tarifs des poches de sang s’envolent.

Ces investissements publics s’accompagnent en parallèle d’initiatives privées, visant à offrir aux pays africains une situation proche de l’auto-suffisance. Au Cameroun par exemple, différentes solutions ont vu le jour pour favoriser les dons de sang, parfois portées par de très jeunes entrepreneurs : la plateforme HEMO cherche à mettre en relation donneurs et receveurs, tandis qu’INFUISS se présente comme une véritable banque en ligne, avec tous les groupes et rhésus, pour développer le don gratuit. Des partenariats sont parfois noués avec des organismes publics apportant leur expertise technique, comme l’Etablissement Français du Sang. Le Kenya a d’ailleurs suivi une approche comparable, servant de modèle à un nombre croissant d’états africains.

Les progrès permis par ces initiatives croissantes, ont déjà permis à 19 pays africains de réussir l’objectif de plus de 80 % de dons de sang volontaires sécurisés et non rémunérés. Ces investissements génèrent des gains considérables pour toute l’économie du continent, en sauvant des vies, en réduisant le coût de nombreux soins et en sécurisant l’écosystème médical d’un pays, à même de rassurer la population locale, mais aussi les expatriés ou les touristes. Envisageons ensemble de faire du don de sang une habitude régulière en Afrique pour sauver des vies.

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