Les systèmes de santé en Afrique sub-saharienne traduisent un sous-développement chronique, technique et humain. Mieux comprendre ses déficiences s’avère essentiel pour rapprocher l’économie de la santé africaine des standards internationaux, qui n’ont cessé de croître ces dernières années grâce à des progrès médicaux majeurs. Cet enjeu de santé publique dépasse d’ailleurs le cadre du continent africain. Il s’inscrit en effet dans les grands défis de demain, que le monde doit impérativement relever pour ne pas briser des équilibres sociétaux et géopolitiques mondiaux de plus en plus fragiles.
Le système de santé en Afrique subsaharienne : quel bilan ?
Quels que soient les critères sanitaires retenus, les pays d’Afrique sub-saharienne se classent systématiquement parmi les derniers. Est-ce une fatalité ?
Un système sanitaire en souffrance aux résultats hétérogènes
Si l’on prend pour seul critère synthétique l’Indice de Couverture des Services de Santé Essentiels (Universal Health Coverage Service Coverage Index) établi par l’OMS, les 5 dernières places sont actuellement occupées par des pays africains : la Somalie, le Tchad, Madagascar, le Sud Soudan et la Centrafrique. Malgré des efforts constants, le retard sanitaire semble immuable.
Pourtant, les causes de ce retard sont en grande partie identifiées. Si le monde entier a pu bénéficier de progrès spectaculaires ces dernières années, l’Afrique subsaharienne s’est heurtée à des défis supplémentaires, au premier rang desquels l’apparition de nouvelles épidémies (VIH, Ebola, SARS-Cov-2…) et la recrudescence de maladies existantes (tuberculose, paludisme…). Les crises politiques récurrentes, le manque d’éducation ou encore la pauvreté endémique ont par ailleurs limité la portée des aides internationales.
Certes, on constate de vrais progrès, en matière de dépistage et de traitement du VIH, de vaccination, de prévention de la malnutrition, de prophylaxie du paludisme… Mais il existe encore de grandes différences entre les territoires, les pays francophones ayant moins bien intégré les politiques de promotion de la santé. Au sein de chaque pays, les résultats sont aussi hétérogènes, avec un décalage net entre les campagnes et les villes, ces dernières abritant une population plus éduquée et plus simple à atteindre.
Alors que les maladies transmissibles sont globalement maîtrisées ailleurs dans le monde, l’Afrique sub-saharienne poursuit donc sa lutte pour tenter de les juguler, avec à terme un risque majeur : celui de la « double peine ».
Hausse des maladies non transmissibles en Afrique sub-saharienne
Le climat tropical explique en grande partie les difficultés sanitaires et alimentaires, à travers des maladies vectorielles endémiques comme la fièvre jaune, le paludisme, la filariose…. A terme, le changement climatique est susceptible d’aggraver ces pathologies, tout en favorisant l’émergence de nouvelles zoonoses, impliquant des moyens de lutte nouveaux et encore plus complexes.
Même s’il existe des avancées prometteuses en matière de vaccination (paludisme, chikungunya…), l’éradication des maladies infectieuses ou parasitaires est donc loin d’être gagnée. C’est un vrai problème, alors que surgit déjà un autre défi pour l’Afrique sub-saharienne : celui des maladies non infectieuses.
En effet, selon un rapport de l’OMS (2022), des maladies non transmissibles comme le diabète, le cancer ou les pathologies cardio-vasculaires connaissent une hausse rapide en Afrique, avec un taux de mortalité passé de 24 % en 2000 à 37 % en 2019. D’ici 2045, le continent africain pourrait avoir près de 45 millions de diabétiques, rajoutant un nouveau défi à un système de santé déjà défaillant.
Poursuivre la lutte contre les maladies transmissibles, et ralentir le développement des maladies non infectieuses : telle est donc la double urgence qui se dessine.
Comment mieux répondre aux enjeux de santé en Afrique sub-saharienne : innover
Pour de nombreux spécialistes, cet échec des politiques sanitaires en Afrique sub-saharienne traduit en partie une décolonisation ratée, ayant favorisé une forme d’injustice épistémique. L’absence de réflexion n’a pas permis de repenser un nouveau système de soins, favorisant une accumulation de dysfonctionnements organisationnels, humains et matériels. La priorité est donc de réfléchir à un nouveau système de management de la qualité, adapté socialement, culturellement et politiquement au sous-continent africain.
Ne pas dissocier économie de la santé et qualité de soins
Alors que le continent africain porte à lui seul 25 % de la charge mondiale de maladies, il n’abrite que 1,3 % des professionnels de santé, prouvant qu’un énorme effort doit porter sur la formation. Mais avoir du personnel qualifié et des équipements performants ne suffit pas : une offre de soins adaptée doit garantir un ensemble de processus maîtrisés, conformes aux recommandations internationales.
A ce titre, intégrer la norme ISO 9001 dans l’offre de soins s’avère indispensable, en garantissant une politique de contrôle systématique et rigoureuse.
Une industrie médicale tournée vers la révolution numérique
Les progrès technologiques en médecine et en chirurgie ont été spectaculaires ces dernières années, avec le développement de techniques moins invasives favorisant les soins en ambulatoire. L’offre de soins doit exploiter les avancées en santé numérique, de la formation par e-learning au diagnostic par télémédecine.
Selon l’OMS, ces nouvelles offres numériques doivent permettre d’atteindre l’objectif du « triple milliard » : une couverture sanitaire universelle pour un nouveau milliard de patients, une meilleure protection contre l’urgence sanitaire pour un milliard de personnes en plus, et un meilleur état de santé pour un milliard de patients supplémentaires.
Une offre médicale tournée vers la proximité
Les problèmes structuraux de l’Afrique sub-saharienne (infrastructures, sécurité, transports…) favorisent le développement de véritables déserts médicaux. Y remédier suppose de développer de nouvelles formes d’accompagnement à domicile, intégrant des réseaux de soins territoriaux et associatifs, où structures étatiques et ONG doivent prendre toute leur place.
Quelles perspectives de financement pour la santé en Afrique sub-saharienne ?
Pour toutes ces raisons, les questions de financement du système de santé demeurent un problème crucial en Afrique. Rares sont les états à avoir rempli les objectifs de la Déclaration d’Abuja (2001), allouer 15 % de leur budget à la santé.
Conscientes de ces difficultés, les grandes organisations internationales ont lancé des programmes ambitieux. OMS, ONU, Banque Mondiale ou BEI ont toutefois des exigences en termes de traçabilité et d’efficacité : chaque dollar donné doit aller au bon endroit et produire des effets quantifiables.
Cet investissement sanitaire sur les marchés africains s’inscrit ainsi dans une démarche globale, politique, sanitaire et économique.
Cet engagement institutionnel vise aussi à favoriser un investissement privé plus conséquent, à travers des associations caritatives ou des partenaires investisseurs.
Ces acteurs économiques, en recherche d’investissement éthique et performant, doivent être accompagnés par des conseils locaux, pour saisir les bonnes opportunités économiques et comprendre les enjeux culturels et politiques locaux, conditions indispensables pour un investissement financier pertinent et efficace.
C’est là où l’expertise d’un cabinet de conseil en intelligence des affaires et en gestion médicale comme SEMEN AFRICA CONSULTING apporte une vraie plus-value.
S’intéresser à l’industrie médicale et sanitaire des marchés africains, c’est participer à ce qui doit être un des grands défis des années à venir, en conciliant opportunités économiques et démarche responsable.
POUR EN SAVOIR PLUS :
- Classement des États par indice de couverture services sante essentiels au monde
- Promotion de la santé en Afrique subsaharienne
- Mortalité et sante en Afrique subsaharienne
- The State of Health System(s) in Africa: Challenges and Opportunities
- Décès dus aux maladies non transmissibles en hausse en Afrique
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