Et si le SIDA n’était plus une fatalité en Afrique d’ici 2030 ?

Alors que le continent africain a longtemps été plombé par l’épidémie de VIH, de nombreux États se sont lancés depuis dans une politique sanitaire ambitieuse, à peine ralentie par l’épisode Covid. En ce 1er décembre, la journée mondiale de lutte contre le SIDA est l’occasion de faire le point et de souligner des enjeux qui dépassent de loin l’impact sanitaire et médical, en y associant des implications économiques et socio-culturelles nouvelles

VIH en Afrique : de spectaculaires avancées

En 2022, 39 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, dont 1,3 million de personnes nouvellement infectées. 25% de ces nouvelles contaminations touchaient la zone Asie-Pacifique, l’Afrique ne faisant plus office de si mauvais élève. S’il est vrai que les femmes et les filles africaines restent encore très touchées par le VIH en Afrique subsaharienne, le continent africain a toutefois connu de vrais progrès ces dernières années.

Un système sanitaire en souffrance aux résultats hétérogènes

Selon l’ONUSIDA, organisme international regroupant 11 Institutions des Nations Unies œuvrant contre le SIDA, des états comme l’Eswatini, le Rwanda, le Zimbabwe, le Botswana ou encore la Tanzanie ont déjà atteint les objectifs dits 95/95/95 : 95% des patients infectés par le VIH ont connaissance de leur statut sérologique; 95% des personnes malades bénéficient d’un traitement antirétroviral ; et 95% des patients sous traitement voient leur charge virale sous les seuils de positivité.
En Afrique subsaharienne, zone où résident 65% de l’ensemble des sujets séropositifs, le rapport « The Path that Ends AIDS » précise que 8 états vont prochainement parvenir à cet objectif du 95/95/95. Un pays comme le Lesotho, longtemps parmi les plus touchés au monde en termes de prévalence au VIH, a par exemple dépassé aujourd’hui l’objectif 90/90/90, grâce à l’appui notable de l’ONUSIDA. Alors que l’Afrique a payé un lourd tribut au SIDA ces dernières années, l’optimisme redevient aujourd’hui raisonnable.

Ces avancées en matière de lutte contre le VIH confirment ainsi l’évolution des standards sanitaires en Afrique, avec un marché médical de plus en plus mature et de plus en plus performant : cela s’inscrit d’ailleurs dans la vision que porte Semen Africa Consulting depuis des années. Acteurs politiques, institutions internationales ou investisseurs privés comprennent qu’une politique de santé ambitieuse dépasse le strict cadre sanitaire. Selon certaines études, l’épidémie de SIDA aurait fait perdre 2 à 4 points de PIB chaque année en Afrique. La lutte contre le VIH reste donc une condition sine qua non et préalable à tout développement économique durable : politique sanitaire et économie de la santé agissent désormais en synergie.

L’enfant, au cœur de la politique de la lutte VIH en Afrique

enfant tend la main à la camera

A l’image de l’Alliance mondiale pour mettre fin au SIDA chez les enfants, réunie début 2023 en Tanzanie avec le soutien de l’UNICEF, les pays africains cherchent à éradiquer le sida chez l’enfant d’ici 2030. En effet, on estime que seuls 52% des enfants vivant avec le VIH bénéficient aujourd’hui d’un traitement vital par antirétroviraux, expliquant pourquoi 15% des décès dus au SIDA touchent des enfants alors qu’ils ne représentent que 4% des personnes atteintes.

Pour combler ce différentiel, quatre piliers d’action ont ainsi été définis, en termes de prophylaxie du SIDA et de traitement du VIH : dépistage et traitement précoces des enfants, surveillance des femmes enceintes et allaitantes pour casser la transmission verticale, prévention accrue visant les adolescentes et les femmes enceintes, suppression des obstacles sociaux ou structurels empêchant l’accès aux services sanitaires.

Car s’il est clair désormais qu’économie de la santé et politique sanitaire sont indissociables, la composante socio-culturelle ne doit pas être non plus oubliée.
Un effort particulier doit porter sur les politiques d’égalité des sexes et de lutte contre les discriminations, à l’image du militantisme de Rakhantša Lehloebi au Lesotho, activiste de 19 ans contaminé par le VIH à sa naissance.
Malgré les pressions et les tabous, il a osé révéler sa séropositivité, poussant les autres hommes à se faire dépister et donnant de la visibilité à la lutte contre le VIH.
De telles campagnes aident profondément à la sensibilisation des populations.

Dans un pays comme le Lesotho, avec autrefois la deuxième plus forte prévalence du VIH au monde, l’objectif 95/95/95 semble désormais atteignable, avec l’espoir de mettre fin au SIDA dès 2030.
Et si le 1er décembre 2030 devenait enfin un jour comme les autres ?

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