Le trafic de médicaments pose un problème à l’échelle mondiale, l’OMS estimant qu’un médicament sur 10 dans le monde serait une contrefaçon. Si l’on en croit la FIIM (Fédération Internationale de Industrie du Médicament), 1000 dollars investis dans ce trafic génèrent à terme plus de 500 000 dollars de profits, faisant de ce trafic un trafic deux fois plus rentable que celui de la drogue. Face à un tel fléau, l’Afrique a décidé d’agir à l’échelle du continent, suscitant de formidables perspectives en matière de politique sanitaire et d’économie de la santé. SEMEN AFRICA CONSULTING vous explique pourquoi.

Les faux médicaments en Afrique, un enjeu sanitaire et économique

Comme pour tout trafic, il est difficile d’évaluer avec précision l’importance de la contrefaçon de médicaments. Mais il est clair que l’Afrique sub-saharienne est particulièrement touchée, comme le prouvent des échantillonnages effectués par les organismes chargés de l’évaluation des médicaments. Dans le plus vaste marché médical d’Afrique, le Nigeria, au moins 17 % des médicaments ne sont pas conformes aux normes. Les pays sans accès maritime seraient de loin les plus atteints, avec une prévalence de contrefaçons allant de plus de 20 % au Mali, en Ethiopie, au Burkina Faso, au Tchad ou au Niger, à plus 40 % dans des pays comme le Malawi.

Même si les chiffres sont peut-être surestimés, avec de grandes variations selon les territoires et les populations, ce fléau des faux médicaments en Afrique sub-saharienne pose un double problème : -sanitaire, car il met en danger des centaines de milliers de patients, avec des médicaments au minimum moins efficaces, parfois même dangereux ; -économique, car il met en danger la santé économique des laboratoires et investisseurs privés, voulant intervenir sur le marché de la santé en Afrique, d’où à terme le risque de retards et de sous-investissements.

Les causes favorisant ce trafic sont parfaitement identifiées : -un problème réglementaire car définir un faux médicament suppose de définir en amont ce qu’est un médicament : or la législation varie souvent d’un pays à l’autre, expliquant la difficulté de coordonner une action à l’échelle d’un continent ; -un problème logistique, avec un défaut d’offre favorisé par un déficit de production locale des médicaments et des difficultés d’acheminement ; -un problème économique, avec un pouvoir d’achat très faible pour certaines populations.

Une vraie ambition pour lutter contre la contrefaçon de médicaments en Afrique

En mettant en place en 2021 une Agence Africaine du Médicament (AAM), l’OMS et les pays africains ont montré leur ambition pour assainir l’économie du médicament en Afrique.

L’objectif de l’AAM vise à garantir un meilleur accès à des produits médicaux efficaces et sans danger, en axant leur action sur plusieurs points : -mieux lutter contre le trafic de médicaments, en criminalisant la contrefaçon avec des peines pénales plus importantes ; -mieux contrôler les médicaments vendus, en accordant une priorité aux médicaments essentiels pour les pathologies du continent africain ; -accroître la production locale de médicaments, en s’engageant dans une politique ambitieuse d’investissements publics et privés sur le marché médical africain.

Faux médicament : transformer le problème en opportunité

On estime le marché du médicament en Afrique à environ 16 milliards pour 2023, dont 55 % pour le marché pharmaceutique sub-saharien. C’est à peine 1,1% du marché mondial, mais toutes les études montrent que la santé en Afrique constitue un secteur d’avenir, dont le taux de croissance est amené à égaler voire dépasser les pays occidentaux. Selon l’UNECA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique), l’économie médicale sur le continent africain pourrait ainsi représenter 14% des opportunités d’investissement médical à échéance de 2030, presque autant que les USA (21 %).

Ne pas dissocier économie de la santé et qualité de soins

Alors que le continent africain porte à lui seul 25 % de la charge mondiale de maladies, il n’abrite que 1,3 % des professionnels de santé, prouvant qu’un énorme effort doit porter sur la formation. Mais avoir du personnel qualifié et des équipements performants ne suffit pas : une offre de soins adaptée doit garantir un ensemble de processus maîtrisés, conformes aux recommandations internationales.
A ce titre, intégrer la norme ISO 9001 dans l’offre de soins s’avère indispensable, en garantissant une politique de contrôle systématique et rigoureuse.

Pour relever un tel défi, et profiter de telles opportunités, l’investisseur a besoin d’un accompagnement pertinent de la part d’acteurs de terrain crédibles, afin de garantir un investissement performant et éthique, dans une démarche de gagnant-gagnant.

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