Dans un contexte économique mondial tendu, le parlement tunisien a adopté le budget de l’État pour l’année 2024. Avec un budget annuel prévu à 77,868 milliards de dinars et un déficit de 10 milliards de dinars (environ 3,2 milliards de dollars), la Tunisie fait face à une dette nationale qui atteindra 139,9 milliards de dinars d’ici fin décembre 2024. La dépendance du pays au secteur touristique, fragilisé par la conjoncture internationale, aggrave la situation financière déjà précaire.
Le gouvernement tunisien, limité dans sa capacité à mobiliser des fonds sur les marchés financiers internes et externes, se heurte à des conditions de crédit défavorables imposées par ses partenaires financiers. Cela fait maintenant deux ans que les négociations avec le Fonds monétaire international pour un programme de réformes économiques et de prêts financiers sont dans l’impasse.
Face à cette urgence financière, le gouvernement envisage de recourir à la souveraineté monétaire en sollicitant le parlement pour une législation exceptionnelle. Cette loi permettrait un financement direct par la Banque centrale tunisienne (BCT) pour pallier l’incapacité du pays à honorer ses dettes et préserver sa souveraineté nationale.
Le 7 février 2024, un amendement exceptionnel a été approuvé, autorisant la BCT à prêter 7 milliards de dinars (soit 2,25 milliards de dollars) au gouvernement, avec un remboursement étalé sur dix ans, sans intérêt, après une période de grâce de trois ans. Cette mesure, bien que réduisant le fardeau de la dette à court terme, soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la BCT et sa capacité à maintenir son objectif général d’indépendance et de stabilité financière.