Journée mondiale du cancer : les défis pour l’Afrique

Pour les 20 à 30 ans à venir, l’Afrique se voit confrontée à un double défi médical, traduisant en quelque sort sa transition entre un « ancien monde » et un « nouveau monde » : elle doit à la fois achever sa lutte contre les maladies transmissibles, considérées (souvent à tort) comme des maladies du passé ; et elle doit en même temps se préparer à la lutte contre l’explosion des maladies non infectieuses, comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires, vues fréquemment comme des maladies de la civilisation. Parmi ces pathologies, le cancer occupe une place primordiale. A l’heure de la Journée Mondiale du Cancer ce 4 février, voyons comment l’Afrique peut répondre ou pas aux immenses défis en oncologie.

Cancers en Afrique sub-saharienne : des chiffres alarmants

Enjeux oncologiques en Afrique subsaharienne

Le cancer a longtemps été vu comme une maladie du monde occidental, mais ce temps est révolu : l’Afrique doit elle aussi faire face à ce fléau. Plusieurs raisons expliquent cette évolution : -augmentation de l’espérance de vie, qui va de pair avec le vieillissement cellulaire ; -évolution du mode de vie, avec apparition de la malbouffe, de la pollution, de la sédentarité, du tabagisme… ; -prévalence des maladies infectieuses chroniques à potentiel oncogène, comme le HIV, l’hépatite B ou Helicobacter ; -amélioration des moyens de dépistage et des méthodes de diagnostic. Aujourd’hui, on estime l’incidence annuelle des cancers entre 100 et 120/100 000 en Afrique subsaharienne, avec une atteinte des adultes comme des enfants.

Importance de l’oncologie adulte en Afrique sub-saharienne

Selon une étude du Lancet Oncology, la mortalité par cancer en Afrique sub-saharienne pourrait passer de 520 348 décès en 2020 à 1 million dès 2030, voire le double d’ici 2040 en l’absence de mesures.

Sur 801 392 nouveaux cas de cancers diagnostiqués en 2020, chiffre évidemment sous-estimé, les femmes payent un lourd tribut, puisque 14,1 % des femmes d’Afrique subsaharienne risquent de souffrir d’un cancer avant leurs 75 ans. Le cancer du sein (4,1%) et le celui du col de l’utérus (3,5%) arrivent largement en tête, avec respectivement 129 400 cas et 110 300 cas annuels. Chez l’homme, le risque avant 75 ans est plus faible (12,2%), avec pour un tiers des cas le cancer de la prostate, représentant 77 300 cas annuels. Au total, les cancers sont responsables de 14% des décès prématurés (avant 69 ans), un décès prématuré sur quatre résultant d’une maladie non transmissible.

Développement des cancers de l’enfant en Afrique sub-saharienne

Alors que l’oncologie pédiatrique a connu de vraies avancées dans les pays riches, on estime qu’en Afrique 57% des enfants échappent au diagnostic (contre 3% aux USA). Les pays occidentaux affichent ainsi un taux de guérison des cancers pédiatriques proche de 80 %, contre 10 à 40 % en Afrique selon les pays. Certains cancers de l’enfant, comme le lymphome de Burkitt, sont carrément endémiques sur le sol africain pour des raisons génétiques et environnementales. Au final, on estime que sur les 6 à 7 millions d’enfants ayant développés un cancer pédiatrique sur la période 2015-2030, près de 3 millions sont morts, pour une large majorité en Afrique sub-saharienne.

Au-delà de l’aspect humain et humanitaire, cette terrible injustice a des conséquences économiques et sanitaires : -elle favorise un tourisme médical des parents les plus riches souhaitant sauver leur enfant, renchérissant le coût des soins oncologiques ; -elle contribue à la fuite des cerveaux, avec une forte immigration médicale des oncologues pédiatriques qui souhaitent bénéficier d’un plateau technique complet pour soigner au mieux leurs jeunes patients.

Relever le défi du cancer en Afrique : quelques solutions

Face à un tel défi, les autorités politiques africaines et les organismes de santé publique ont commencé à prendre des mesures : -mise en place de registres du cancer régionaux pour un meilleur suivi des populations et une surveillance épidémiologique accrue ; Abidjan, Nairobi et Johannesburg accueillent désormais de tels centres ; -développement de plans de lutte au niveau national et régional, comme le programme pilote mis en place fin 2023 par 3 pays (Zimbabwe, Kenya, Côte d’Ivoire) améliorant la prise en charge globale des cancers du sein et du col de l’utérus ; -construction de nouvelles infrastructures, comme les 11 centres de radiothérapie ouverts en Afrique sub-saharienne entre 2022 et 2023 : 39 pays africains sur 54 sont désormais pourvus ; -formation quantitative et qualitative de personnel spécialisé en oncologie à l’image de l’IAFOP de Dakar (Institut africain de formation en oncologie pédiatrique), destiné au personnel médical et paramédical.

Plus que pour toute autre maladie, une politique de santé publique efficace en matière de cancer doit être globale, allant de l’information au soin oncologique, en passant par le dépistage et la prévention. Les investissements publics ou privés pour relever le défi du cancer en Afrique nécessitent donc un double regard d’expert, économique pour apprécier les opportunités financières, et médical pour estimer le potentiel médico-sanitaire. C’est l’expertise que propose SEMEN CONSULTING AFRICA à tout investisseur voulant à son tour contribuer à cette noble tâche.

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